L’entrée en vigueur de NIS2 impose aux entreprises une obligation de notification des incidents de sécurité dans un délai maximal de 24 heures. Certaines PME, pourtant exposées aux mêmes risques que des groupes internationaux, échappent encore à certaines dispositions du Digital Operational Resilience Act (DORA) selon leur secteur d’activité. À l’inverse, le Cyber Resilience Act (CRA) étend désormais la responsabilité des fabricants de produits connectés, qui doivent garantir la sécurité de leurs dispositifs tout au long de leur cycle de vie.
L’application de ces réglementations varie fortement selon la taille, l’activité et le niveau d’exposition de chaque organisation. Les conséquences d’une non-conformité vont de la simple amende à l’interdiction de commercialisation de certains produits.
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Cybersécurité et entreprises : pourquoi les règles du jeu ont changé
Le décor a changé. Désormais, la cybersécurité ne relève plus du simple choix technique : elle s’impose, sans détour, dans le quotidien des entreprises. Tenir la barre de la conformité cyber n’a jamais été aussi engageant. Dès 2025, la loi fixe le cap. Dirigeants, membres du COMEX, DSI, RSSI : la responsabilité n’épargne plus personne. Privé, public, tout le monde se retrouve face à une avalanche de normes et d’exigences à intégrer.
Le contexte s’est durci. Les cybermenaces n’épargnent aucun secteur, rançongiciels, phishing, compromissions de la chaîne d’approvisionnement : tout le monde est dans le viseur. Les OIV et EIV voient leurs obligations se renforcer : déclaration systématique des incidents, sécurisation rigoureuse des données personnelles et de santé, plans de continuité, journalisation détaillée. La gestion des systèmes d’information devient une discipline à part entière, scrutée par la CNIL, l’ANSSI et autres régulateurs.
Impossible de faire l’impasse : la réglementation cybersécurité impose désormais une approche globale, articulée autour de la gestion des risques, la protection des données et la sécurité de la chaîne fournisseurs. Banques, assurances, sociétés de gestion, prestataires cloud ou IT : chacun doit répondre à des exigences taillées sur mesure, qu’il s’agisse de la notification des incidents ou de la mise en place de mesures techniques et organisationnelles robustes.
Pour mieux cerner ce qui change, voici quelques exemples d’exigences concrètes qui s’appliquent désormais :
- Obligation de notification rapide des incidents pour les entités critiques
- Renforcement des contrôles sur les prestataires IT et cloud
- Responsabilité accrue du top management en cas de manquement
Désormais, chaque direction doit tisser la conformité dans la trame même de sa stratégie, sous peine de sanctions et d’un sérieux déficit de confiance. Gouvernance, gestion des risques, protection effective des données personnelles : les frontières s’effacent, la responsabilité devient collective et documentée.
Quelles sont les réglementations clés à connaître en 2024 ?
La mosaïque réglementaire se construit au fil des directives européennes et françaises, chaque pièce apportant sa spécificité. Au centre, le RGPD continue d’imposer ses exigences sur la protection des données personnelles : quiconque traite des données en Europe doit garantir confidentialité, intégrité et traçabilité sous l’œil de la CNIL. Les sanctions, quant à elles, sont bien réelles : jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires mondial.
La directive NIS2 élargit le périmètre : plus de 15 000 entités françaises, des OIV aux acteurs numériques critiques, sont concernées. Elle impose la notification rapide des incidents, l’évaluation régulière des risques et la sécurisation des sous-traitants. Le secteur financier, lui, doit composer avec le DORA (Digital Operational Resilience Act) : tests de pénétration, gestion des fournisseurs, plans de continuité, tout est prévu pour garantir une résilience opérationnelle sans faille.
Le Cyber Resilience Act (CRA) se concentre sur la sécurité des produits et services numériques mis sur le marché européen. Hébergeurs de données de santé : certification HDS obligatoire. Fournisseurs cloud traitant des données sensibles : référentiel SecNumCloud incontournable. La norme ISO 27001 s’impose aussi : elle cadre la gestion de la sécurité de l’information, plébiscitée par les multinationales et de plus en plus exigée dans les appels d’offre.
Voici quelques points clés qui structurent le paysage réglementaire actuel :
- Le Cloud Act américain a un impact direct sur la localisation et la confidentialité des données hébergées en dehors de l’UE.
- La journalisation et la notification d’incidents s’imposent désormais dans tous les secteurs, de la finance à la santé.
- Des contrôles et audits réguliers, menés par l’ANSSI et l’ENISA, rythment le calendrier de conformité.
Se conformer à NIS2, DORA, CRA : quelles obligations concrètes pour votre organisation
Le cadre se précise et se resserre. NIS2 englobe désormais plus de 15 000 structures françaises. Au menu : gouvernance SSI formalisée, analyse de risque cyber documentée, plans de continuité (PCA) et de reprise (PRA) testés et éprouvés. La détection d’incidents via SIEM, la gestion des privilèges (PAM), l’authentification multifacteur sur les accès critiques : chaque élément technique devient obligatoire. Impossible d’ignorer la chaîne fournisseurs : l’évaluation des partenaires et la rédaction de clauses spécifiques de cybersécurité entrent dans les standards.
Dans la finance, DORA monte d’un cran. Banques, assurances, fintechs, gestionnaires d’actifs : tous doivent prouver la robustesse de leurs systèmes d’information et surveiller étroitement leurs sous-traitants IT. La notification d’incident doit se faire en urgence : 4 heures pour prévenir l’autorité compétente. Tests de pénétration, audits, cartographie des actifs numériques deviennent des passages obligés.
Le Cyber Resilience Act vise en priorité les éditeurs de logiciels et prestataires de services numériques. Sécurité dès la conception, documentation exhaustive, gestion dynamique des vulnérabilités : la conformité devient une arme concurrentielle. Les fournisseurs cloud manipulant des données sensibles doivent décrocher la certification SecNumCloud, et les hébergeurs de données de santé la certification HDS.
Quelques axes concrets à retenir pour répondre à ces obligations :
- La journalisation et la notification rapide d’incidents sont désormais incontournables dans les secteurs critiques.
- Les solutions de conformité SaaS (Egerie, Make it safe, Tenacy, Board of cyber…) s’intègrent dans la routine des RSSI : elles automatisent l’analyse réglementaire et la génération de preuves en cas de contrôle.
La gouvernance cyber concerne directement le COMEX : la responsabilité juridique des dirigeants peut désormais être recherchée en cas de défaillance grave.
Renforcer la culture cyber : conseils pratiques pour impliquer tous les collaborateurs
Le respect de la conformité cyber ne s’improvise pas : il implique chaque collaborateur, du dirigeant à l’opérationnel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 80 % des incidents découlent d’une erreur humaine, d’un mot de passe réutilisé, d’un clic sur un lien piégé.
Les DSI et RSSI le savent : formation et sensibilisation sont devenues des exigences incontournables, imposées par le RGPD, DORA ou NIS2. Les sessions régulières s’imposent : conformité rime avec pédagogie. Certains groupes misent sur des modules interactifs, d’autres sur des ateliers en présentiel, en s’appuyant sur des exemples concrets tirés de l’actualité. Le ton, la mise en situation, la fréquence : chaque détail compte pour ancrer les réflexes.
Côté technique, adaptez les mesures à la réalité du terrain : l’authentification multifacteur (MFA) s’impose pour les accès sensibles. Un gestionnaire de mots de passe limite les risques de fuite ou d’oubli. Sécurisez Active Directory en suivant les recommandations de l’ANSSI. Évitez d’attribuer des privilèges d’administrateur sans nécessité.
Pour renforcer l’implication de tous, voici quelques leviers efficaces :
- Communiquez sur les incidents avec transparence, sans pointer du doigt.
- Mobilisez le management intermédiaire : la confiance se construit par l’exemple.
- Organisez des exercices de simulation d’attaque (phishing, rançongiciel) pour tester la réactivité des équipes.
Quand la culture cyber s’inscrit dans les habitudes, lors de réunions, via l’affichage des bonnes pratiques ou au moment de l’intégration des nouveaux, elle cesse d’être une formalité : elle devient une seconde nature, un réflexe partagé. La conformité ne s’assigne pas : elle s’incarne, jour après jour, par chacun.
